dimanche 29 novembre 2015

Maman j'aimerai ne plus être handicapé mais être normal




Mais quel est donc cet étrange concept qu’on nomme avec assurance la normalité?

On pense bien à tort que le terme « normal » veut dire adéquat et correct. On croit que ce qui est normal est approuvable et approuvé à coup sûr. Ce qui est normal serait donc le concept ou la marche à suivre aveuglément. En fait, normal veut dire « qui est conforme à la norme » et la norme, c’est le standard créé par la majorité des individus. La normalité serait donc le dénominateur commun qui rallie le plus de monde, par rapport à un point de référence, sur un sujet donné. Une chose est normale quand elle correspond à ce que le plus grand nombre accepte, trop souvent même juste par habitude et sans remise en question ou réajustement occasionnel.



Donc, par opposition, ne pas être normal, ne veut pas dire être incorrect ou avoir systématiquement tort. Ça veut tout juste signifier que l’on diffère de la majorité. Pourtant de nos jours, ne pas être normal est une insulte qui fait longer des murs de plâtre défraichis et ronger avec rage des moulures de porte en bois sculpté. Car attention, il faut avant tout éviter que le pied gauche ne dépasse de la double ligne rouge admise, sinon c’est le sifflet réprobateur de l’arbitre qui retentit. Et se démarquer négativement, il faut l’éviter par tous les moyens possibles.


La société veut plus ou moins forger tout le monde sur un modèle semblable et des critères précis concernant ce qui est acceptable. C’est une entité tentaculaire qui s’agrippe à toutes les sphères de notre vie. Mais n’est pas normal qui veux. L’effort demande un réajustement pointilleux et constant des personnes concernées. Ainsi que beaucoup de précieuse volonté. À chaque jour, des individus inquiétés de leurs réactions propres et de leurs plus intimes émotions posent autour d’eux d’importantes questions, la lèvre inférieure tremblotante : « Suis-je normal? », « Quand ça vous arrive, vous faites quoi vous autres? », « Qu’est-ce qui est normal, dans ce cas-là ? », « Si je choisis le bleu au lieu du vert, est-ce que je vais paraître anormal? ». Et j’en passe. On ose parfois, dans l’oubli de ma différence physique et la différence des connections des neurones de mes enfants de me poser la question comme si j’étais une référence potentielle en la matière. En vérité je vous le dis, un grand nombre d’individus autour de vous galèrent sans arrêt pour demeurer dignement dans la norme. Plusieurs passent peut-être tristement à côté du sens profond de leur vie, le besoin du normal empêche peut-être chacun d’être lui-même et de se questionner sur ses besoins propres.

Mais pourquoi autant de coups énergiques de pagaie ou de foulées fermes avec des chaussures griffées de coureur de fond sont-ils aussi nécessaires pour demeurer dans cette étouffante normalité? Bien sûr, les gens se réconfortent dans le moelleux divan de velours rose antique de la normalité. Elle permet de s’identifier à ses semblables, d’éviter le jugement et le rejet. Elle permet d’appartenir à un groupe approuvé et certifié du sceau de l’excellence c’est à dire de suivre les codes et les normes acceptés. La normalité donne des barèmes et permet à l’individu de savoir le comportement attendu à adopter, les valeurs profondes à intégrer, les objets à se procurer pour projeter une certaine image souhaitée et les statuts sociaux qui sont à privilégier.

Quand n’importe quoi pourrait être la norme, finalement

Mais arrêtons-nous un bon 10 secondes. Pas plus. Juste pour y penser un petit peu. Donnons-nous un exemple extrême pour frapper l’imaginaire une bonne fois pour toutes. Imaginez que la majorité des gens mangent leurs kiwis avec la pelure comme on le fait avec bon nombre de fruits. Alors, pour tous, manger un kiwi en conservant sa pelure intacte serait sans questionnement l’immuable normalité. L’individu qui par un beau jour ensoleillé en plein pique-nique familial pèlerait soigneusement son kiwi au vu et au su de tous serait tout de suite pointé du doigt avec indignation et jeté en pâturage aux lions. Ce serait la grande hérésie et le chaos total dans les chaumières. Déballer le fruit exotique avant de mordre dans sa chair serait absurde et anormal.

Bien sûr, ce serait un comportement qualifié sans hésitation de déviant. La personne serait questionnée, taxée de gaspilleuse, passerait pour excentrique. « Tu jettes le meilleur! », lui dirait-on avec le plus grand naturel du monde. Je sais et je l’avoue sans crainte, l’exemple est manifestement farfelu. Mais bon nombre de situations, comportements ou paroles jugées normales le sont évidemment tout autant. La norme n’est pas toujours logique. La norme est créée par l’usage. Un usage dont souvent on ignore même l’origine.

Acceptable, le normal?

Pourtant, le normal devient l’idéal de vie, l’accepté et l’acceptable. La normalité actuelle quand on la regarde objectivement, est pourtant souvent cruelle, sombre et injuste. Elle est faite d’indifférence à l’autre, d’individualisme, d’incompréhension mutuelle et de rejet sans appel de ce qui dérange. La normalité est imparfaite de manière insultante : elle supporte les guerres en disant que les peuples ont toujours agit ainsi en cas de malentendus considérés insolubles. J'aime les films historique, tout particulièrement la traversée du peuple noir, j'ai regardé 12 years a slave et Mandela et je trouve abérant de traiter ces personnes de « nègres » et de les avoir fais esclaves, et Mandela, un grand homme, il pardonné et a appris le langage de ses bourreaux pour mieux les comprendre,


Nous portons tous une différence visible ou pas, pourtant il semble qu’il y ait des individus qui sont des « accros à la normalité ». C’est-à-dire que dès que quelque chose déroge de la norme connue ou qu’une parole ou une blague n’est pas selon le modèle de base familier, ils vont souligner toutes nos différences comme autant de fautes dignes de la peine de mort. La discrimination envers l’individu différent, son exclusion, sont alors au rendez-vous. Ces individus font sentir les personnes « divergentes » comme autant d’êtres vivants incorrects et à bannir d’un simple balayement du revers de la main. Ils s’accrochent au moule de la normalité, comme à un livre de saintes paroles, sans la moindre nuance possible.

Hors du moule de la normalité, point de salut?


La norme admise n’est écrite nulle part, sauf dans quelques rares domaines. Mais dans le petit quotidien, les panneaux indicateurs se font rares. La normalité fait partie de l’implicite, de ce qui est transmis par osmose aux individus perméables. Et y déroger coûte cher à tous ceux qui osent s’aventurer dans les eaux agitées de la différence. Plus une personne contraste avec la normalité, moins on tolèrera ses attitudes et ses comportements. Elle sera bizarre, excentrique ou dérangée. Elle sera mise à l’écart, peu importe la cause de sa différence.
En vivant l'handiparentalité avec enfants a besoins particuliés, je suis toujours en décalé avec la norme. J’y suis imperméable, je commence seulement depuis quelques années à prendre connaissance de son existence et de son influence si considérable. Et elle me terrifie par son manque de souplesse et d’inclusion. Ce qui est conçu comme normal : se faire des amis, posséder la plus grande résidence du quartier, suivre la mode du moment avec grâce, dire le mot juste au bon moment et taire certaines pensées légitimes par souci de l’image de soi, être la maman d'enfants qu'on invite aux anniversaires tout cela est le contraire de moi. Je vis toujours en différé, comme une émission en reprise de sa diffusion originale, rejouée plus tard au cours de la semaine, tard dans la nuit, aux heures de faible écoute.

Quand je regarde le monde autour de moi, il y a des moments fréquents ou je me sens correcte et où j’ai l’impression que c’est la société autour de moi qui ne l’est pas, un peu comme cet ami qui a des cheveux longs, avec son air décontracté et depuis son adolescence se défend avec cette expression : « les cheveux ça se coupent mais la connerie, nous pouvons pas la couper », Cette société faite de paradoxes flous, injustes et compliqués pour rien. Imaginez de vivre dans un monde où tout est prévu pour les personnes en situation de handicap et vous valide, vous serez à votre tour en situation de handicap car rien n'aura été prévu pour vous, La différence n’est-elle pas mieux que la normalité dans la mesure où elle apporte un éclairage plus clair et nouveau sur les vieilles tendances qui sont dépassées? Et si chacun au lieu de chercher à se conformer cherchait à se différencier et uniquement pour de bonnes raisons. Ainsi on pourrait espérer aboutir à plus de tolérance. Et on verrait que le monde, au-delà de la normalité et de la prévisibilité, a beaucoup de nouveautés multicolores à offrir.



mardi 24 novembre 2015

Emploi : Dois je m'excuser d'être en situation d'handicap ? Que dois je répondre à la question pourquoi voulez vous travailler.




Dans la vie, nous sommes amenés à traverser de bonnes et de mauvaises périodes.
L'idéal est quand même que les périodes heureuses soient les plus nombreuses, je vous l'accorde.Cependant, on ne peut pas nier que les périodes difficiles ont au moins le mérite de nous faire évoluer. De nous faire grandir. Je ne dis pas que cela est forcément une nécessité, mais je dirais plutôt que connaître le mauvais côté de la vie permet de mieux apprécier les bons moments. Je veux dire, de manière plus qualitative. Sans se plaindre ou être trop exigeant. Le bonheur se trouve parfois dans de petites choses simples. Et cela, tout autour de nous.
Je me faisais la remarque dernièrement que quand on apprend une mauvaise nouvelle, de celle qui va avoir un sérieux impact sur notre vie, on a tendance à vite se décourager.
Et je me disais que probablement la meilleure façon de ne pas perdre pied lors de ces moments difficiles est de toujours trouver de l'espoir, du positif dans la moindre situation. D'autant plus dans une période difficile. Alors bien sûr, cet effet n'est pas forcément immédiat. Il faut d'abord digérer l'information. Prendre le temps d'accuser le coup. Mais je remarque surtout que tout voir en noir ne fait pas avancer. Il faut quand même reconnaître qu'il est sans doute plus facile pour chacun de baisser les bras plutôt que de se battre. Mais à quoi bon entretenir les pensées négatives ?
Dans ce contexte d'acceptation justement, j'ai pris conscience qu'à force de courir après le temps, finalement nous n'avons le temps de rien.
Se poser face à ses propres réflexions, prendre le temps de réfléchir à son avenir et à comment le mettre en place correctement demande du temps. Du temps de totale disponibilité où la seule préoccupation doit être de penser, de faire le point. Sans se laisser polluer par tous les facteurs extérieurs, tels que la télévision, le portable ou l'ordinateur. Savons-nous réellement prendre ce temps là pour nous ? Prenons-nous réellement le temps de se demander ce que l'on souhaiterait faire ou de quoi sera faite notre vie future ? Ou laissons-nous les choses évoluer comme bon leur semble, sans même y prêter attention ?
Il me paraît pourtant essentiel d'être maître de son destin.
De son avenir. Et de justement se donner les moyens de réaliser ses envies, de profiter d'une éclaircie qui se profile au bout d'un passage difficile. Parce que du mauvais peut parfois ressortir le meilleur. Actuellement, je m’apprête à traverser un tourbillon qui ne manque pas de me terroriser d'avance. Je ne peux pas le nier. Cependant, je m'efforce de penser au meilleur. À cette opportunité importante que va m'offrir cette étape difficile. Je décide de trouver du bon dans cette situation. Parce que c'est bien plus joli de le voir comme ça. Et que cela m'aidera sans doute à avancer...


J'ai vécu une situation mémorable et riche en émotions le 10 novembre dernier et j'ai pris le temps de laisser retomber ma colère depuis car je me devais de prendre du recul. Alors, pour la petite histoire, pour les personnes qui ne me suivent pas, je suis en congé de longue durée et le médecin conseil qui m'a convoqué pour mon expertise médicale demandé par mon employeur en  vue de mon mettre en inaptitude.  D'abord, je ne suis pas très bien reçue car il y a une marche et que j'arrive avec mon fauteuil . Son cabinet est en plein centre ville et du fait des travaux j'ai du me garer et bien là où il avait de la place ayant au préalable fait mes 10 tours de manège, comme toujours,je suis à l'heure, avec juste quelques minutes de retard, il est 14h08, Pendant que madame la secrétaire termine son café, je lui donne mes résultats et motivations, elle fait seulement une seul photocopie, qu'elle remettra au médecin qui est sagement assis dans son bureau. Et elle me précise bien sûr que le médecin étudie le compte rendue qu'elle à soigneusement sélectionné et qu'il va falloir que je patiente... Je vous fais la version courte, le médecin arrive au bout d'un (très) long moment et me dit de suite 'j'ai pas beaucoup de temps' et puis j'ai déjà pris ma décision. - Ouais ok, donc, déjà je suis mal reçue mais en plus on ne va pas prendre le temps de faire une vraie consultation. You-pi.

Rappelez vous l'entretien que j'ai du passer au CMP à la demande de mon employeur en mars 2012
, je vais donc vous rapporter ici la quantité de conneries que la psychanalyste a pu sortir de sa bouche (Je n'aime pas beaucoup les psys). Pour ceux qui ne me suivent pas régulièrement ou qui ne me connaissent pas, je vais rappeler, pour la forme, que je suis une maman solo avec un handicap moteur ayant vécu un harcélement psychologique ayant des enfants à besoins particuliers.  Voila, comme ça tout sera dit ;) Vous trouverez donc après chaque question citée ( au mot près, je précise bien ), la réponse que j'aurais aimé lui apporter et qui défilait dans ma tête en puissance mille .


 1ère question idiote:
"comment arrivez vous à vous occuper de vos enfants toutes seule?': Euh, comment te dire, comme tous le monde, mon handicap est physique, je te rassure, j'ai bien toute ma téte mais en fait pourquoi cette question?  

 2ème question idiote dans la foulée:
comment arrivée vous à pallier tous vos rendez vous entre votre kiné et les prises en charges de vos enfants ?': Ben oui, je vais comme tous le monde, j'ai également un petit secret j'ai un pouvoir de dédoublement.

3ème question idiote:
'Vous n'avez personne de la famille pour vous aider, des amis, le bénévolat?':
 bein non mais ça  te regarde pas ma vie, je ne vais pas de déballer toute ma misère et mes souffrances

4 ème question idiote

"Avez vous une aide à domicile,une femme de ménage, comment vous vous débrouiller?Alors, déjà: c'est quoi le rapport  je suis ici pour quoi déja? haaa oui parce que mon employeur veux me virer  et cherche un moyen ? Et puis, ça ne te regarde pas, mais vraiment parce que tu insistes, je vais te répondre que OUI PARFOIS Non, parce que, cf réponse ci-dessus (tu m'écoutes pas en fait ?!), je me fatigue,et ma marche est chaotique quand je suis pas en fauteuil difficile donc de passer la serpillière. Mais si vraiment je devais compléter ma réponse, je te dirais plutôt que je suis une grosse flemmarde qui préfère déléguer. Ben oui, tu vois, je suis comme tout le monde !

 5ème question idiote:
Parlez moi de votre famille,votre enfance, les relations que vous entretenez avec vos parents' : ... ... ... (yeux qui rougissent de ma part avec une attitude de protection) Oh ben écoute, je te répondrais que finalement, oui, à quelques 'bricoles' près, cela va plutôt bien ! difficile de communiquer avec des personnes qui vous accusent d'avoir engendrer des enfants différents car vous avez un handicap, ne pas avoir eu de tendresse  ça compte ? mes rapports avec mon père,  sa dépression on laisse tomber ? Euh, ma vie professionnelle, c'est un détail probablement, pardon. Non, écoute vraiment, je réfléchis mais je ne trouve rien de particulier à te raconter sur mon enfance et mon adolescence. Ni-ckel ! 

6 éme question idiote
vous étes là car votre employeur à demandez une expertise médicale : qu'en pensez vous?
bein heeuuuu oui en effet mais je ne sais pas quoi vous dire

 7ème et dernière question idiote-débile-déplacée-surréaliste-ou tout autre adjectif adapté:
j'ai appris la violence dont vote mari vous avez subir, racontez moi, enfin c'est peut être un peu tôt?':
 
Alors, c'est ******. T'aurais pu noter les observations de l'infirmière  et du médecin urgentiste non? tu cherche quoi là ? a me faire sortir de ton bureau en larmes?, Tu consultes pas le dossier d'un patient avant de dire de telles conneries, non ? J'ai une sainte horreur de me répéter tu sais...'Et vous appelez ça comment ce que je vie ?' ... ... Nan, mais là franchement, fais gaffe tu me fais flipper. T'es vraiment médecin ou bien ? durant tes études ont t'a jamais aprises à penser avant de foncer tête baiser devant un mur ? Allez, sérieux... dis moi: t'as séché en vrai ?!

Voici en quelques lignes la conclusion qu'elle a rédigé pour le comité médical :

Au vu de ce trouble de l'humeur avec instabilité thymique, on ne peu que la mettre en congé de longue maladie pour une durée de 6 mois à renouveler pour 6 mois supplémentaires avant réévaluation, J'ai évoqué avec elle qu'elle prenne un avis psychiatrique pour l'adaptation de son traitement actuellement donné par son médecin traitant dont elle se refuse, madame a des trouble persistant du sommeil et une grande fatigabilité du faite de son handicap.

Bon revenons à notre chèr médecin conseil qui à pris quelques minutes de son temps si précieux pour me dire que même si mon médecin spécialiste à établi un certificat pour une possible reprise, le possible ici noté prend tout son sens car il n'a pas évalué l'aspect économique, les infrastructures... et c'est là qu'il me parle de mon fauteuil que sa secrétaire et un passant ont du porter car son cabinet n'ai pas accessible, je lui énonce alors avec le plus grand tact la loi d'accessibilité et nous voilà partie sur l'accès des cabinets médicaux et les ennuie qu'il a à mettre son cabinet aux normes et que de toute façon il s'en fou car il part à la retraite en juin et que du fait du faible nombre de médecin expert dans le département, il continue les expertises car seul ses expertises sont reconnus devant les tribunaux, Et j'attendis un grand boom,, j'ai été un moment abasourdie, sourde par je que je venais d'entendre : il était là débout avec un air grave il venait de me dire que j'étais trop handicapée pour travailler en milieu ordinaire et que ma place était sûrement pas là où je désirai qu'elle soit. Il reprend en me disant qu'en 30 ans de service il n'a jamais rencontré de personne comme moi et vu mes résultats médical et mon quotidien si particulier je devais donc être en invalidité. Reprenant mes esprits, je lui énonce ma volonté de reprendre une activité professionnelle, j’use à peine fini mes premiers mots qu'il me dit : veuillez m'excuser j'ai un patient en salle d'attente.
C’est d’ailleurs dommage parce que moi j’en aurai eu des choses à dire sur mes relations avec mon employeur et avec mon métier. Sur les conditions dans lesquelles je travaillais, la joie de manger seule, les absences répétées d’augmentation de statut parce que « vous comprenez, un travailleur handicapé n'a pas la possibilité d'évolution », les décisions unilatérales et plus politiques que cohérentes, etc, etc.
Si seulement j’avais eu la certitude que mes remarques auraient pu servir à quelque chose ou à quelqu’un. Pas forcément à moi d’ailleurs, je suis tellement pleine de bonté que j’aurai même acceptée de répondre pour que les générations futures en profitent.
Mais non, ces remarques je les garderai pour moi, sa réponse est dans ma boite spam de mon cerveau, bien au chaud avec les propositions indécentes, les promesses de richesse, les vieux amis qui m’ont enfin retrouvé mais dont je n’ai jamais entendu parler, et les relances de mon banquier…
Et de toute façon, il me semble que le problème est plus complexe que « pourquoi voulez vous travaillez ?  », il faudrait y ajouter une once de « aimez vous les conditions dans lesquelles vous le faites », et peut être un soupçon de « que pensez vous de la manière dont est valorisé votre travail ».

samedi 14 novembre 2015

Le jour où j'ai réussi à faire rire ma psy



Bonjour, je serai votre nouvelle psychologue enchantée.

-C'est moi qui suis ravie, pour une fois que ce n'est pas un vieux.


*elle me sourit*


-Pourquoi avez-vous fait recours à l'aide d'une personne de ma profession ?


-Je n'ai fait aucun recours. C'est mon médecin qui me demande de libérer mon passé et ce que j'ai vécu récemment et depuis cet événement certaines personnes  me trouvent  trop " bizarre " et distante voilà la raison de ma présence aujourd'hui.


-Et vous pensez l'être ?


-Je ne pense pas je sais qui je suis, je pense être plutôt communicative. Simplement je préfère ne m'entourer que de deux - trois personnes compétentes et fiable plutôt que des personnes qui vont à terme vous nier et oublier votre existence
-Pourquoi ce choix ?


-Vous préférer des hypocrites ou des personnes qui se veulent un minimum vrai ?
-Je ne répond jamais aux questions.


-J'accepte de répondre avec honnêteté , parce que je crois réellement qu'un rapport entre psychologue et patient , se fait que de cette manière. Nous sommes avant tout des personnes faites ici pour discuter à l'élaboration et à la solution d'un problème. Vous ne parler pas au patient et je me refuserai de parler au psychologue. C'est un rapport humain d'abord. De personne à personne. Je ne demande pas. J'exige de l'humanité dans nos rapports. Ne répondez pas à ma question , et je ne répondrai pas aux vôtres. C'est un échange équivalent.

Une dizaine de minutes s'écoulent durant lesquelles personnes ne parlent

-Madame Marcelini , je ne suis pas votre ennemi vous savez.


-Mais vous n'êtes pas une amie non plus sachez-le.
Ne voulez vous pas être aidé ?

-Je n'ai pas demandé d'aide , ce sont ceux autour de moi qui pensent que j'ai besoin d'aide.
-N'êtes vous pas d'accord ?


-Vous savez bien que non.


-Aurais-je le droit à une autre réponse ?

- Non je pense pas, depuis cet incident, j'ai décidé d'écrire, posé mes mots sur ma douleur m'aide, aujourd'hui je ne dis pas que je suis guérie, cependant la voie de la guérison est proche, comprenez que j'adore parler et soulager les cœurs et j'attends de mon interlocuteur une pleine écoute, voyez vous j'essaie de comprendre le plus possible les sentiments qui se cachent derrières les mots pour ne pas seulement répondre, votre boulot est de m'apporter soutien et réconfort par votre écoute , je vous y aiderait autant que mon inconscient le voudra bien.

-Qu'est-ce qui vous fait croire que je le voudrai.

- Je vous demande pas grand chose, seulement que vous répondiez à mes questions
- Vous n'êtes pas sans savoir que ce genre de rapport est impossible pour la simple raison qu'en école de psychologie on nous apprend à ne jamais devenir familier ou proche d'un patient, sinon les émotions prennent le dessus et vos problèmes deviennent les nôtres. Et notre travail en perd en efficacité.
 
-Dites moi, quand on devient psychologue c'est pour deux raisons , la première c'est qu'on avait, ou qu'on a un problème et qu'on veut le résoudre en aidant les autres , ce qui nous donnent satisfaction et bonne humeur. La seconde c'est d'aidé les gens simplement parce qu'il est primordiale de les aider. La véritable question est de savoir si réellement j'avais besoin d'aide mais que je ne m'en rendais pas compte , oseriez-vous me laissé aller à la dérive par de stupide loi ? Et dans ce cas vous ne seriez pas en accord avec vous-mêmes. Vous voulez sauvez les gens sans pour autant vous mettre en danger , mais pour aider il faut se montrer , tel que l'on est. Accepteriez vous de me laissé tombé ? Tout en sachant que j'ai besoin d'aide ?
Pourquoi ce sourire sur votre visage ?

- Vous avez vraiment beaucoup d'esprit, aujourd'hui est un grand jour.

-Je le confirme c'est la première fois que je rencontre un psy et j'aimerais que vous me répondiez, que vous ne soyez pas seulement derrière ce bureau à griffonner sur votre carnet,

-Vous savez bien que cela est impossible
*Elle se sentait déstabilisé j'en suis sûr
- Et bien dans ce cas je n'irai pas jusqu'au bout


- Comme vous le souhaiterez, dommage, vous êtes une patiente passionnante.


Il y a une chose qui me plaît par-dessus tout: c'est quand j'arrive à faire rire mon psy en lui racontant mes frasques! Elles sont nombreuses, je n'y peux rien (ou plutôt j'assume et ne désire surtout rien y changer, à part quelques détails qui me dérangent et quelques casseroles que je souhaite décrocher, mais sinon, ça va...) et la brave femme fait tout pour ne pas perdre sa contenance de professionnel en vidange des boyaux de la tête, de déboucheur de tuyauteries cervicales, un vrai Destop de personnalité, un accoucheur de traumatismes anciens, un fossoyeur qui déterre les cadavres de mes placards intimes! Exemple de séance qui fait perdre toute contenance à Dr. Psy:
Je raconte ce qui m'arrive, me tracasse, avec force détails. Il se trouve que c'est drôle (je ne fais pas exprès pfff!). Et là... Les différentes phases de son bug, de sa lente mais inexorable descente aux enfers, tandis qu'elle m'écoute raconter: 
Dr. Psy: 
- manifeste un intérêt soudain et fronce les sourcils - écarquille les yeux et me regarde discrètement (je ne suis pas allongée sur un divan, je reste assisse devant elle, pendant que madame tapote sur son ordinateur, qu'esque je peux bien lui dire de si important pour que ses yeux reste figé sur l'écran ?? Réponse que je n'ai pas encore trouvé. Alors nos regards se croisent, parfois, si nous le décidons!) - amorce un sourire, le regard brillant, pensant que je ne la vois pas(pffffff je le vois grâce à la vision périphérique) - sourit franchement mais se concentre sur son bloc-notes - écoute encore et, surpris, ouvre la bouche, ahuri, pose son crayon et se gratte la tête (Je me tourne vers elle et bla et bla) 
- embarrassée, se ressaisit, baisse la tête, caresse ses cheveux - reprend son crayon et écrit - se met à pouffer à voix basse et masque son rire en toussotant, en se râclant la gorge (ben oui, c'est pas professionnel, m'enfin!) (Je la regarde dans les yeux, m'aperçois qu'elle craque et m'en amuse: "Dr., si je vous fais rire, je vais vous réclamer des honoraires et monter un one-woman-show! Je sais que ma vie est désopilante, mais pas à ce point quand même! M'enfin, vous me déconcentrez!) Tu parles, j'ai tout fait pour qu'elle pouffe! Mon passé, mon adolescence et en conséquence ma relation avec mon paternel, je ne sais comment définir mon existence, Dieu aurait t 'il un projet pour moi!,  mon handicap,  l'annonce de la différence de mes enfants,violence psychologique de mon ex conjoint... tout en humour, noir si possible) - mal à l'aise, rougit, baisse le regard et replonge dans son bloc-notes (mais est plié!) - puis craque, rit franchement et finalement abandonne toute résistance - me déclare: "Vous alors!"
Ben oui, MOI. "Et alors, Dr., c'est grave?!" (pas de réponse) 
(Ravie de l'avoir fait craquer!)
(Qui fait un transfert sur qui là?!)

vendredi 6 novembre 2015

Logan et le bonobo


Logan grandit de manière spectaculaire. Ce sont d’abord ses pieds qui sont passé en quelques mois du 40 , au 43 …Puis un fin duvet s’est dessiné au bord de sa lèvre supérieure, puis sous ses aisselles(si, si, déjà !) Ça, ça m’a fait vraiment bizarre mais j’ai fait tout mon possible pour n’en rien laisser paraître. Et je ne parle même pas de sa taille ! Logan a toujours été très grand pour son âge, mais là, à 12 ans, il dépasse d’une tête au moins les trois quart de ses congénères et sur la photo de classe c'est spectaculaire. Il est le plus grand de sa classe et pourtant pas le plus âgé.

Quant aux transformations plus intimes, je me contenterai de dire que Logan semble très bien les négocier, avec pudeur mais sans peurs. S’il pouvait éviter de hurler quand il voit sa petite sœur nue, me concernant je dois me montrer prudente car en été si j’ose une robe, un débardeur ou, pire, un maillot de bain,il est à l'affût si seulement il pouvait apercevoir quelque chose qui pourrait ressembler à un morceau de sein, je pourrais dire qu’il aborde la puberté et l’adolescence incroyablement bien pour un enfant (oups, un (pré)ado) autiste.
 

J'avais préparer le terrain depuis ses premiers signes de puberté en expliquant à Logan les transformations inéluctables qu’allaient connaître son corps ainsi les choses à ne pas faire en public Il avait accueilli ces informations d’une manière déconcertante, à savoir en bombant son torse et désirant se muscler pour plaire ''aux filles '' Depuis septembre il fait donc de la lutte et de l'aikido et cela me rassure car il a des armes pour se défendre ; il a même entraîné sa petite sœur pour la découverte de la lutte et Méliha apprécie elle qui a tendance a avoir une attitude de garçon manqué . Depuis quelques semaines, il  s’exprime, avec une « voix d’ado » sans oublier l'attitude et ses inquiétudes concernant les filles.
Bref, j’observe ces changements, avec circonspection parfois, il faut bien l’avouer, mais je me répète en boucle que je ne dois surtout pas tout gâcher en faisant la moindre remarque à ce sujet. Logan ne veut plus me faire de câlins (« Je suis trop grand, maman ! ») : tant pis. J’apprends à respecter son espace intime et je suis heureuse de faire, pour une fois concernant mon fils, les mêmes expériences que les autres mamans

Il y a quelques mois, Logan a rencontré une jeune fille de 2 ans sa cadette, ils s'entendent merveilleusement bien, ils sont amis et aucun des 2 ne s’intéresse à l'autre autrement que par une amitié sincère. Il a traversé des moments difficiles car l’autisme reste toujours là malgré ses progrès il ritualise beaucoup leur relation. D'ici quelque temps, leur relation pourrait bien prendre une autre tournure ou se lancera t'il à la conquête d'un banc voyant les collégiennes durant leur pause. Handicapé par l’autisme dans le décodage des intentions des autres, il aura encore plus de mal qu’un autre à comprendre les subtilités du comportement et du discours d’une pré-ado.

Logan manifeste autant d’intérêt que les individus « neurotypiques » en matière de relations amoureuses et de sexualité, Mon fils me parle beaucoup et s'interroge énormément sur :

  • comment plaire,
  • quels mots utiliser pour aborder une fille...

Je le conseillerai au mieux là où l’intuition sociale lui fera défaut. Malgré son désir de « bien faire » face à une petite amie potentiel, une certaine maladresse inhérente à son fonctionnement neurologique particulier pourrai l'amener à avoir des conduites inappropriées et choquantes, car non adaptées aux contextes, et impactant parfois lourdement sur son estime personnelle et ses sentiments. Les relations amoureuses, encore plus que les relations sociales, sont d’une complexité extrême quand nous sommes neurotypique, alors pour son cerveau si particulier alors cela sera encore plus difficiles à décoder pour lui. Il est donc important d’évoquer très prochainement avec mon fils si celui ci le manifeste le vaste registre et les diverses composantes du langage subtil des relations amoureuses et sexuelles.