L'école, le handicap et le corps enseignants ?

    A quelques jours de la rentrée je suis tombée sur un article fort intéressant et totalement vrai écris par une prof, voici ce qu'elle écrit :    
            
  On va parler de quelque chose de vraiment très sérieux, dans cet article, à savoir du handicap, et d'une catégorie de personnel qui est là pour aider à le gérer : les Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS… il existe également des EVS, Emplois Vie Scolaire).
  J'ai eu envie d'écrire cet article après qu'on m'a eu transmis des messages de Christel, AVS, compétente, (auto) formée, parfaitement insérée dans l'établissement scolaire où elle exerce. Or voilà ce qu'écrit Christel :

Je viens de tomber sur une offre d'emploi sur l'anpe.
On offre MON emploi.
On me remplace par une Evs, seulement 20h et très certainement payée moins que moi (et pourtant ce n'est pas facile à faire).
Et oui, pourquoi me garder ?
Je ne correspond plus à l'annonce :
- on demande un BAC : j'ai une licence
- on donne 20h par semaine : j'en fait 24 en classe plus toute la préparation à côté et les réunions (et j'en passe du temps à la préparation !)

Franchement ! pourquoi garder quelqu'un de TRÈS motivée et qui sait de quoi elle parle. Non mais, quelle idée aussi !
J'en devenais aigre.

Vous pouvez hurler mon nom, mon âge, mon adresse à qui vous le voulez.
Sortez moi de cette anonymat qui nous rend si mouton.

Je ne suis pas UNE AVS
Je suis Christel
mariée
2 enfants
ancienne contractuelle en collège- Musique
avec une Licence de l'université de Rennes II
J'ai mon fin d'étude du conservatoire de Caen en guitare classique
Je m'occupe d'enfants handicapés car je suis faite pour ça
je connais l'autisme, le braille, les techniques de portages pour personnes en fauteuil, j'ai travaillé en CLIS...
J'ai un passé, un présent


mais pas d'Avenir


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  Qu'arrive-t-il à Christel ? Mais ce qui arrive à tout AVS dans notre pays : au bout de six ans de bons et loyaux services, c'est à la porte. Tout le travail effectué, tous les liens tissés non seulement avec les élèves, mais également avec l'équipe, toutes les choses mises en place, à la poubelle. Et en avant pour recruter quelqu'un d'autre, pas formé, qui va débarquer et dont le premier travail va être d'appendre son travail, justement. 
  Car au moment où notre représentativité nationale débat d'introduire ou non des moyens de renforcer l'obligation de scolariser tous les handicapés à l'École dans le cadre d'une inclusion si possible réussie, il conviendrait de dresser un bilan de la situation actuelle. On a fait progresser le nombre d'élèves handicapés inclus dans les structures scolaires lambda. Mais on le fait plus ou moins n'importe comment.
  Il faut écouter mes collègues quand ils parlent de ces élèves qui sont incapables de suivre, d'écrire, de s'exprimer correctement, et qui attendent désespérément qu'on parvienne enfin à leur recruter un AVS deux semaines, un mois, deux mois après la rentrée.
 Il faut écouter mes collègues AVS qui savent qu'ils ont là un job au rabais, sans formation, sans sécurité à long terme, alors que leur métier est d'une importance capitale pour que les inclusions d'élèves handicapés réussissent.
  Il faut écouter mes collègues quand ils disent que certains élèves, même avec tous les dispositifs du monde, ne peuvent être inclus dans un cursus « normal », et ce n'est pas faire de la discrimination que de dire que certains handicaps, certaines pathologies, certains cas relèvent de structures spécialisées, médicalisées, et qu'on ne balance pas comme ça un petit schizophrène dans une classe de primaire où personne n'est en mesure de le gérer, et où tout le monde finit par souffrir : les autres élèves, le professeur, et l'enfant lui-même.
  Il faut écouter mes collègues qui enseignent dans les CFA, lycées professionnels ou dans le supérieur quand ils disent que certains métiers ne sont pas accessibles à des personnes atteintes de certains handicaps, de certaines pathologies, et que c'est mentir à ces enfants que de leur laisser croire qu'ils vont pouvoir l'exercer. C'est ça, la vraie maltraitance des handicapés : c'est de leur faire croire des choses fausses à grands coups d'adaptation, de notation spécifique, de dispositifs particuliers, au lieu de leur dire la vérité, à savoir qu'ils peuvent réussir dans des tas de voies, dans des tas de filières, dans des tas de métiers, mais pas forcément dans tous. Comme pour un élève non handicapé, en fait. Or là, beaucoup d'inclusions n'en sont pas : certes l'élève est dans la classe, certes il suit les mêmes cours (ou une partie des mêmes cours), mais il n'est pas traité comme les autres, pas évalué comme les autres. Et il n'y a pas de mal à ça à partir du moment où tout le monde en est conscient et l'admet. Le problème, c'est que son dossier va être traité comme les autres, sans tenir compte de tout ce qui est différent, et qui n'est pas une tare, mais qui peut poser de sacrés soucis. Il ne viendrait à l'idée de personne de laisser un aveugle faire la circulation, alors pourquoi laisse-t-on un grand dyspraxique s'engager vers une voie où il sera conduit à manipuler des produits dangereux et à faire des dosages extrêmement précis, choses dont il est incapable ?
  Elle est là, la grande menterie au sujet de la scolarisation des handicapés : sous le vernis des bons sentiments, c'est une scolarité au rabais qui leur est le plus souvent proposée, aidés par des personnels non formés, enseignés par des personnels non formés à ça — et qui peuvent finir par péter une durite quand cinq, six, sept enfants handicapés se retrouvent dans la même classe, avec des handicaps différents, des aménagements différents, des protocoles différents à suivre, aidés, pas aidés, aidés mais pas tout le temps, bref, la chienlit. Pourquoi ces aberrations ? Mais parce que bien scolariser un élève handicapé coûte cher, parce que les structures spécifiques dont certains ont absolument besoin coûtent cher, et que finalement, coller tout le monde dans le cursus habituel avec le minimum vital pour qu'on n'aille quand même pas crier à la maltraitance (une réunion de suivi par-ci, une moitié d'AVS par là…), c'est tellement plus simple.
  Alors faites passer le message de Christel, des AVS, des professeurs : la scolarité d'un enfant handicapé, ça doit se réfléchir au cas par cas (y compris dans le processus d'orientation), avec toutes les parties concernées, et, dans le cas d'une inclusion, on doit fournir des personnels formés, stables et rémunérés comme il se doit, c'est-à-dire bien. Il est suffisamment compliqué d'être handicapé dans notre société pour que notre institution fasse au moins ça. Car des AVS qui n'ont pas d'avenir, ce sont des enfants handicapés qui n'ont pas d'avenir non plus. 
  Et c'est une honte.   







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